L'agriculture communautaire
La carte de l'agriculture montre une grande complexité qui reflète la grande variété de la production européenne, une des plus importantes du monde.
Sur les terres « répulsives », hautes terres d'Écosse, d'Angleterre, du pays de Galles, d'Irlande, une maigre végétation de lande nourrit des moutons pour la boucherie, le lait, la laine.
Entre ces terres et l'Europe méditerranéenne, un vaste ensemble de bonnes terres sur des plateaux limoneux (lœss du bassin parisien, de la « Ceinture dorée » bretonne, des Borde allemands), dans des plaines (Flandres, Polders hollandais, Marschen allemands) et dans les vallées du Rhin, de la Loire, de la Seine... permet une culture intensive de céréales associée à celle de la betterave à sucre, du maïs, du colza et du soja ainsi qu'à l'élevage, ce dernier devenant prépondérant dans les régions d'herbages : Basse-Normandie, Angleterre occidentale, plaine intérieure d'Irlande, Polders et Marschen, presqu'île du Jutland danois. À ce tableau favorable s'ajoute encore l'agriculture intensive des franges urbaines autour des grandes concentrations humaines : cultures maraîchères, de plein champ ou sous serres, arboriculture, élevage laitier.
Les montagnes méridionales portent des prairies dans les fonds de vallées et en altitude (« l'alp » dans les Alpes, mais aussi dans les Pyrénées), où s'élèvent vaches laitières pour les montagnes les plus humides, moutons et chèvres pour les plus sèches. La montagne est aussi le domaine de la forêt, comme sur les hauteurs des massifs d'ancienne consolidation de la diagonale hercynienne, qui va du Massif central au Harz : forêts caducifoliées, mixtes, de conifères, forêts méditerranéennes suivant les latitudes, les altitudes et les types de reboisement. Les plaines et vallées méridionales sont le lieu privilégié de cultures délicates : fruits, légumes de primeurs et maraîchers, riz (Camargue, plaine du Pô), fleurs et bien sûr la vigne (raisin de table et vin) dont la culture « remonte » jusqu'à Bonn dans la vallée du Rhin, héritage lointain de la présence romaine.
L'irrigation est de règle dans ces régions méditerranéennes à l'été sec et lumineux, irrigation parfois ancienne comme dans les huertas espagnoles (Valence, Alicante, Murcie), où les canaux ont été réalisés dès les IVe-Xe siècles par les Musulmans, parfois récente comme en Provence ou en Languedoc, où l'aménagement a été entrepris depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les graphiques indiquent pour la CEE le degré d'auto-approvisionnement pour quelques productions : ainsi la CEE, excédentaire en céréales, est déficitaire en légumes, tandis qu'elle couvre ses besoins en fruits frais (ce qui ne l'empêche pas d'importer des fruits tropicaux qui entrent de plus en plus dans le régime alimentaire des populations aisées de l'Europe) et en viandes (ce qui ne signifie pas que des moutons néo-zélandais ou de la viande de bœuf des États-Unis ou de Pologne n'entrent pas dans la CEE).
Seuls les pays excédentaires ont été indiqués : les céréales prédominent en Europe du Nord, surtout en France, les légumes et les fruits frais sont au contraire produits en grande quantité par l'Europe du Sud. Quant aux viandes (bovine, ovine), l'Europe du Nord domine très largement avec principalement le Danemark, l'Irlande et les Pays-Bas. Il est d'ailleurs à noter qu'une partie de la viande produite en Irlande est le fait d'entreprises étrangères (États-Unis) qui ont développé des exploitations agricoles, attirées par la faible fiscalité de la République et décidées à contourner les barrières douanières élevées à l'entrée des produits de l'élevage dans la CEE.
Ces graphiques suggèrent aussi les problèmes agricoles qui peuvent se poser quant à la concurrence entre les pays membres [...
Localisation : Europe
Date : 1987
Auteur :
Jean-Claude Friguet
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Ayant droit :
Département de géographie de l'Université Laval
Catégorie : Divers
Numéro : 81157
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