Commentaires

Paris : Pourcentage d'étrangers dans les 0-18 ans en 1982 et pourcentage des familles nombreuses étrangères en 1982

1° - L'arrêt à peu près total à partir de 1974 des arrivées à Paris de jeunes travailleurs immigrés combiné avec la poursuite de la politique des regroupements familiaux au cours de la période 1975-1981 a conduit à une modification sensible de la structure par âge de la population étrangère résidant à Paris. Si celle-ci comprend toujours aussi peu de personnes âgées de 65 ans et plus (6,1 % contre 19,2 % pour la population française), les adultes y sont moins surreprésentés qu'auparavant et la proportion des moins de 19 ans a fortement progressé parmi la population étrangère.

En 1982, 21 % des étrangers ont moins de 19 ans, alors que la proportion équivalente pour les Français n'est que de 16,6 %. De ce fait, la part des étrangers jeunes dans l'ensemble des jeunes (20,1 %) est nettement supérieure à la part des étrangers dans l'ensemble de la population parisienne (16,6 %).

Le phénomène est cependant également marqué selon les nationalités. En effet, certaines nationalités correspondant à de vieilles immigrations d'origine européenne, comme les Italiens ou même les Espagnols, ou à des immigrations en provenance de pays riches comme celles venant de la C.E.E. sont des nationalités aussi vieilles que les Français et parfois même plus vieilles dans la mesure où les jeunes générations sont naturalisées. En revanche, les Portugais, l'ensemble des Maghrébins ou les « Autres nationalités » sont nettement plus jeunes que les Français, et leur importance est déterminante pour fixer le niveau moyen de la part des étrangers parmi les jeunes (20,1 %).

La carte de cet indicateur doit donc s'interpréter en tenant compte des différences qui existent entre les nationalités composant la population étrangère de chaque quartier. Sur la rive gauche, ainsi que dans le IV^e et le XII^e arrondissement, les étrangers sont proportionnellement peu nombreux parmi les moins de 19 ans. Il s'agit de quartiers où la présence étrangère est assez faible et où prédominent le plus souvent les nationalités européennes aisées. En revanche, dans le Centre rive droite et dans une dizaine de quartiers du Nord-Est, les étrangers sont au contraire très surreprésentés parmi les jeunes : la proportion dépasse souvent 1 sur 3 (le phénomène est nettement perceptible dans les classes des écoles de ces quartiers). Cette surreprésentation s'explique par l'importance, au sein de la population étrangère de ces quartiers, d'immigrés récents (Maghrébins, Portugais, Africains noirs) qui ont conservé une forte fécondité.

2° - Le fait est confirmé par l'examen de la carte du pourcentage des familles nombreuses étrangères dans le total des familles nombreuses en 1982. Par familles nombreuses, nous entendons des familles comprenant au moins trois enfants de 0 à 16 ans; une famille étrangère étant celle dont la « personne de référence » (le chef) est étrangère.

En 1982, on compte à Paris 510 000 familles et seulement 24 000 familles nombreuses, dont 8 600 étrangères (soit 35,8 % du total des familles nombreuses).

La carte montre que dans les beaux arrondissements les familles nombreuses étrangères ne sont pas plus fréquentes que la moyenne, alors qu'elles sont nettement surreprésentées dans le nord, le nord-est et l'est de la capitale. Dans le XI^e et le XVIII^e arrondissement, plus de 50 % des familles nombreuses sont étrangères, ce qui traduit bien la surfécondité des étrangères (essentiellement maghrébines) qui résident dans ces arrondissements.

---

Localisation : Paris, France
Date : 1987
Auteur : Yvan Chauvire Visionner sa collection
Ayant droit : Département de géographie de l'Université Laval
Catégorie : Paysage urbain
Numéro : 81109

  Mots-clés   ALBUM CONTENANT CE MÉDIA   Informations techniques