Commentaires

L'Europe de l'énergie

La carte localise les gisements de combustibles solides (charbon, lignite et tourbe pour la seule Irlande), d'hydrocarbures (pétrole et gaz naturel), les régions d'hydroélectricité. On peut ainsi distinguer : 

— l'Europe du charbon, principalement centrée en Europe du Nord. Ces gisements, dont l'exploitation a commencé au XIX^e siècle, ont fait la fortune et la puissance de l'Europe. C'est au charbon que revient le mérite d'avoir permis la première expérience de mise en commun des ressources et des marchés avec la création de la C.E.C.A. (Communauté européenne du charbon et de l'acier) en 1951. L'Europe du Sud, mis à part le gisement espagnol des Asturies, apparaît beaucoup plus pauvre en gisement de charbon, plus riche en lignite, ce qui n'offre guère de possibilités. 

— l'Europe des hydrocarbures, qui s'articule autour des grands gisements de la mer du Nord : gaz naturel au large des côtes du Sud-Est anglais, pétrole et gaz naturel au large du Danemark, de l'Écosse et de la Norvège, gisement continental et international de gaz naturel du nord-est des Pays-Bas et du nord-ouest de l'Allemagne. Hors de cette zone privilégiée, les gisements importants se trouvent essentiellement en Italie (plaine du Pô, région des Apennins méridionaux, Sicile) pour le gaz naturel, le Piémont pyrénéen français apparaissant comme zone secondaire. Quant au pétrole, on en trouve un peu en Espagne et en Grèce... 

— l'Europe de l'hydroélectricité, qui se trouve essentiellement circonscrite dans les Alpes, auxquelles on peut ajouter les centrales rhénanes et rhodaniennes. Les Apennins centraux et les Pyrénées sont des régions moins importantes tandis que les aménagements espagnols et portugais sur le Duero et sur le Tage compensent, pour ces deux pays, le manque de sources d'énergie. 

Les importations d'hydrocarbures sont en quelque sorte le reflet des bilans énergétiques nationaux présentés dans le graphique. On y voit un déficit énergétique touchant 10 pays sur 12 : seuls les Pays-Bas et le Royaume-Uni produisent plus qu'ils ne consomment, grâce, pour le premier à son gaz naturel, et pour le second, aux gisements de la mer du Nord. On notera que les hydrocarbures restent la source d'énergie principale, puisqu'ils représentent plus des deux tiers de l'énergie consommée dans l'Europe des Douze, même si cette part diminue. Le charbon, qui a longtemps été la deuxième source d'énergie derrière le pétrole, est depuis 1984 au troisième rang des sources d'énergie consommée, derrière le gaz naturel. Sa part ne cesse de décroître : le charbon ne représente plus que 17 % et ne compte vraiment dans le bilan énergétique que pour quatre pays (Belgique, RFA, Royaume-Uni et Danemark, qui importe toute sa consommation). L'énergie nucléaire se hausse au quart de la consommation énergétique globale pour la France, à moins d'un cinquième pour la Belgique, au dixième pour l'ensemble des Douze. Danemark, Grèce, Irlande, Luxembourg et Portugal ne l'incluent pas dans leur bilan. L'hydroélectricité ne compte vraiment que pour les pays faiblement consommateurs d'énergie (Luxembourg et Portugal). Enfin, le lignite intervient pour le quart de la consommation énergétique grecque, et la tourbe, pour le cinquième de celle de l'Irlande. 

Face aux chocs énergétiques successifs, la CEE n'a pas su définir une politique commune. On ne peut que souligner la complémentarité des sources d'énergie des 12 pays membres, des échanges croissants entre partenaires (gaz néerlandais exporté vers la RFA, la Belgique et la France, électricité française vendue à la RFA, à l'Italie, à la Belgique, à la Suisse et aujourd'hui au Royaume-Uni... en passant sous la Manche).

---

Localisation : Europe
Date : 1987
Auteur : Jean-Claude Friguet Visionner sa collection
Ayant droit : Département de géographie de l'Université Laval
Catégorie : Divers
Numéro : 81149

  Mots-clés   ALBUMS CONTENANT CE MÉDIA   Informations techniques