Le bipartisme
La tradition politique britannique est marquée par le bipartisme, l'alternance depuis 1945 du Parti conservateur et du Parti travailliste. Ce sont deux partis plus pragmatiques qu'idéologiques, dont le véritable travail est de porter au pouvoir un gouvernement dirigé par le « leader » du parti et de maintenir cette équipe le plus longtemps possible. Chaque parti est à l'écoute de l'évolution de l'opinion, et leur succession à la tête de l'État présente deux aspects d'un même sentiment réaliste et démocratique partagé par la plus grande partie de la population britannique. L'alternance apparaît souvent plus comme une relève que comme un véritable changement de cap.
- Le parti conservateur, né en 1845, s'est fortement organisé avec Disraeli. C'est un parti très structuré qui a une forte emprise locale et dont les militants n'hésitent pas à faire du porte à porte. Le leader y est, depuis 1965, désigné par le groupe parlementaire de la Chambre des Communes. Après deux échecs du Parti conservateur en 1974, M. Edward Heath dut laisser la place à Margaret Thatcher, qui arriva au pouvoir en mai 1979 (deux millions de cotisants).
- Le Parti travailliste, né en 1900, reçoit en 1906 son nom actuel. Son succès aux élections de 1945 confirme sa position à la place du Parti libéral. Moins hiérarchisée, la structure du Parti travailliste laisse une place importante aux syndicats – qui sont d'ailleurs à l'origine du Parti (700 000 adhérents). Le leader est élu pour un an par le groupe parlementaire. La discipline y est stricte. Mais depuis l'échec du parti en 1979, l'affrontement en tendances modérées et plus « extrémistes » agite le parti au point qu'en mars 1981 un groupe de travaillistes quitte le parti pour former le Parti social-démocrate (S.D.P.), qui a remporté de nombreuses victoires électorales et conclu, en juin 1981, une alliance électorale avec les libéraux. Mais la guerre des Malouines a permis au parti conservateur de restaurer en partie ses positions. Les élections anticipées du 9 juin 1983 s'inscrivent dans cette perspective. Cependant le S.D.P. cherche à créer une troisième force (80 000 adhérents).
- Le Parti libéral était, au XIXe siècle, le parti de l'alternance. Il n'a plus aujourd'hui que 12 représentants aux Communes.
- D'autres partis existent : un très faible parti communiste fondé en 1920 (10 000 membres), divers partis socialistes, un parti fasciste. Tous ces partis ne sont pas représentés au Parlement. Par contre, les partis nationalistes – écossais, gallois, irlandais – ont des députés aux Communes.
Le 9 juin 1983, la victoire des conservateurs fut importante, mais le parti de Mme Thatcher a reculé en voix entre 1979 et 1983 alors que, selon le mode de scrutin, le même parti gagne des sièges. Le grand perdant de ces élections se trouve être la coalition centriste (S.D.P. – libéraux) : avec un pourcentage de voix guère inférieur à celui du Labour, la coalition obtient neuf fois moins de sièges! On constate aussi l'érosion du Parti travailliste, qui apparaît à la fois hésitant dans ses prises de position et profondément divisé.
Au total. Mme Thatcher se considère plébiscitée par le peuple britannique (à 42 % seulement!) et se déclare décidée à appliquer son programme de privatisation de l'économie, d'inégalité sociale et de fermeté vis-à-vis de ses partenaires européens...
Localisation : Royaume-Uni
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Date : 1983
Auteur :
Jean-Claude Friguet
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Ayant droit :
Département de géographie de l'Université Laval
Catégorie : Société
Numéro : 80267
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